« Et pourquoi une explication unifiée serait-elle préférable à une explication
plurielle ? »
Evelyn Fox Keller
a commencé sa carrière chez les physiciens
qui « dit-on souvent, cherchent à étendre les limites de la
connaissance jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’inexpliqué, du moins rien
dans l’univers physique » (p.11 de son livre). Puis elle a été confrontée
à l’auditoire de la biologie et de la médecine, qui lui a renvoyé « que
les arguments fondés sur les mathématiques sont loin d’être en mesure
d’apporter réponse à l’interrogation : quelle place un raisonnement purement
déductif réserve-t-il aux surprises que la nature pouvait avoir à offrir, à
des mécanismes qui s’écarteraient totalement de ceux que nous avions imaginés
dans nos hypothèses de départ » ?
«Qu’est-ce
que la vie ? » La question est récente, elle ne s’est pas posée avant
le dix-huitième siècle. Pour l’Encyclopédie, la vie est présentée comme
l’opposé de la mort. La première quête à ce sujet apparaît lorsque dans sa
taxinomie Jean-Baptiste Lamarck oppose le vivant à l’inorganique, et non au
mort. C’est à partir de ce saut conceptuel qu’il est considéré comme le père de
la biologie (p.317).
« Expliquer la
vie » comporte trois parties, décrivant chacune une étape historique du
discours de la biologie du développement. A chacune ont correspondu des types
de tentative d’explication du développement, et de conceptions de
l’explication. Ce qu’elle élabore au moyen du premier exemple de la première
partie et qui concerne la période avant 1953, est particulièrement
représentatif de son travail. Elle y traite des essais d’explication par les
« modèles » physiques chimiques et mathématiques. Nous nous sommes
focalisés en particulier sur son exposé de la « biologie
synthétique » de Stéphane Leduc, à partir des expériences que celui-ci
tenta en France entre 1905 et 1928, visant la « synthèse d’organismes
artificiels sur le niveau cellulaire », organismes créés « grâce aux
propriétés osmotiques de précipités chimiques » (pp.36-37).
Stéphane Leduc,
physicien et professeur à l’Ecole de Médecine de Nantes, qui s’était déjà construit une réputation
internationale jusqu’aux Etats-Unis pour ses recherches antérieures, était
convaincu
que « la chaîne des êtres ne saurait être brisée nulle part …[qu’elle
était] certainement une chaîne continue, depuis le minéral jusqu’à l’être le
plus perfectionné… la théorie de l’évolution doit admettre la nature
physico-chimique de la vie et les générations spontanées
(p.53) »… « [La théorie de l’évolution] ne peut pas, ne doit pas
laisser la chaîne brisée entre le monde vivant et le monde minéral…la chaîne
est continue, le passage est graduel, il ne peut y avoir, il n’y a pas de
solution de continuité » (p. 54)…
Leduc dans son travail d’expérimentation démonstrative, cherchait donc le
« chaînon manquant » entre l’inerte et le vivant, s’efforçant par là
d’administrer la preuve qu’on peut créer des organismes intermédiaires
entre matière inerte et vivante.
Leduc avait ainsi réussi à
créer des « formes en développement » dans un milieu aménagé
spécialement où s’exerçait
l’osmose,
et soutenait que « c’était dans les forces de la pression osmotique qu’il
avait découvert les bases physiques fondamentales de toutes les propriétés les
plus essentielles de la vie ». Il plaçait des minéraux dans des bacs selon
certains procédés et certaines associations de produits dans un milieu
osmotique, « masse grossière de matière brute » qu’au bout de quelque
temps on pouvait observer « en train de produire un bourgeon, une tige,
une racine…sans même la présence de matière organique ».
Les croissances osmotiques de Leduc présentaient selon lui « toutes les
propriétés qu’on attribue aux êtres vivants : croissance, reproduction,
assimilation, élimination » (p.39). Sans
aménité, ses détracteurs fustigèrent ce chercheur à qui on reprochait en
quelque sorte de « feindre » la vie. Ses créations étaient fragiles,
instables. En tout état de cause, elles n’étaient pas vivantes. L’ambiguïté sur
leur statut, « la résistance qu’elles opposent à toute localisation
définitive » dans le domaine du vivant ou du non vivant mettaient une
limite à la portée de l’expérience, de même l’incertitude qui s’y attache
(relevée par Loeb, p.24), « sur la proximité épistémologique entre les
origines de la vie individuelle et les origines de la vie sur Terre ».
Alors, pourquoi
reconvoquer Stéphane Leduc, avec ses expériences surannées ? Sous d’autres
points de vue, tel celui de Gradenwitz, la valeur de ce travail était
indéniable, justement dans la mesure où il contribuait à « la découverte de
stades intermédiaires entre la matière inerte et les êtres vivants. » (p.41).
Fox Keller développe dans
cet esprit comment, si ces travaux ont été abandonnés,
ils n’en ont pas moins correspondu à des interrogations. La revendication de Leduc était imprégnée de son désir de
faire reconnaître les thèses de son « maître », Jean-Baptiste
Lamarck, trop vite évincé selon lui par Darwin. Ce travail avait pour background
les polémiques entre « vitalisme » et « mécanisme », ainsi
que sur la « génération spontanée », dans l’hypothèse de son lien
avec la théorie de l’évolution.
Fox Keller procède selon la
même méthode d’analyse avec les travaux du Britannique d’Arcy Thompson, contemporain de Leduc, dans le deuxième exemple
de cette première partie. Chercheur qui se préoccupe des « formes »
qui, selon lui, apparaissent selon des schémas physiques, il est considéré
comme précurseur de la « biologie mathématique ». De même, elle passe
en revue les travaux d’Alan Turing dans sa recherche à inventer une machine
alliant mécanique et chimie, machine imaginaire pour modéliser par une chaîne
de calculs d’états successifs la formation de l’embryon, envisagé comme une
« fonction d’état ».
Faisant un
effort semblable pour se démarquer du "vitalisme », ces trois auteurs
ont surtout partagé le souci de rapprochement entre biologie d'une part, et
d’autre part, chimie et physique (Leduc), physique et mathématique (d'Arcy
Thompson) et mathématique (Turing), dans un rêve, pourrait-on dire, de la
"plus grande osmose possible" au sens figuré, entre ces disciplines. Fox Keller montre que ces
travaux ont eu l’avantage de « combler un vide conceptuel causé…par le
manque d’information » (p.17) sur le développement, et d’apporter des
éléments expérimentaux.
Fox Keller pointe aussi l’importance du climat dans
lequel les travaux sont reçus, y incluant les ingrédients sociaux voire médiatiques
qui s’y attachent. Ainsi par exemple elle oppose le ton récriminatoire de
Leduc, blessé pour son maître Lamarck , qui lui valut l’hostilité des
salons, au charme de la culture littéraire de d’Arcy Thompson, charme auquel
elle affecte un rôle dans l’accueil fait à sa recherche.
« Besoin » et « satisfaction
explicative », ces deux facteurs inscrivent d’emblée les acteurs et leur
milieu dans la question et dans la quête de résolution, ce qui conduit Evelyn
Fox Keller à affirmer ceci : « la description d’un phénomène a valeur
d’explication si, et seulement si, elle répond aux besoins d’un individu ou
d’une communauté » (p.15). Et la satisfaction explicative « est
analogue à la satisfaction narrative : les explications qui satisfont
notre besoin de comprendre, les histoires que nous aimons entendre sont celles
qui comblent les attentes... Ces attentes se forment à partir d’un réservoir
d’expériences qui ne sont pas seulement technique et scientifiques, mais aussi
sociales et politique. » (p.119).
Ainsi, l’approche épistémologique est
relative aux domaines et aux moments, elle s’inscrit en fonction de certains
besoins dans champ donné et dans une historicité. Comparant ainsi les travaux de Leduc, et les
tentatives modernes de vie artificielle, Fox Keller se questionne sur
« les types de satisfaction cognitives qu’ont à offrir ces deux
entreprises de biologie synthétique » à des époques différentes. Chaque
hypothèse viendrait sédimenter comme une strate dans l’histoire d’un champ
scientifique et qu’à ces titre et place, même si elle n’a plus cours, elle
continue à avoir une valeur explicative, comme en une phylogénèse dans la
discipline.
Elle renouvelle à sa manière la réflexion sur
la doxa comme ensemble de connaissances, et de représentations ou
d’opinions liés à une communauté concernée, qui orientent la recherche, les
questionnements, le rapport au savoir, et de son inscription historique :
autre forme de son historicité. On ne peut plus poser un savoir comme
indépassable dès lors que le propre d’un savoir est d’être réfutable. On peut
extrapoler que chez Fox Keller si le propre de l’explication scientifique est
d’être périmable, cela tient particulièrement à son historicité-même. Cela
rejoindrait par des voies différentes la notion de réfutabilité
popperienne, en ce qu’elle confère aux processus de la connaissance, et aux
hypothèses épistémologiques un statut de péremption.
L’explication
S’attardant précisément sur la teneur explicative,
Fox Keller évoque que « l’opinion commune… est que la fonction primordiale
d’une explication scientifique est de rendre compte de manière causale d’un
phénomène... Pour beaucoup de gens, la notion de cause implique une force
motrice émanant soit d’une ou de plusieurs entités matérielles pré
existantes…soit d’un quelconque événement déclencheur... En conséquence,
espérer rendre compte de manière causale revient à vouloir identifier l’agent
ou l’événement responsable de l’effet » (p.117)…Mais pour d’autres, c’est
le fait d’attribuer une responsabilité causale à des entités ou à des événements
particuliers qui apparaît souvent comme insatisfaisant, même pour poser la
question – notamment lorsque le rôle (voire la présence) de ces entités ou de
ces événements semble réclamer lui-même une explication… (p.118). Elle récuse
cette manière de poser la question en biologie du développement car « pour
ceux qui attendent d’une explication qu’elle identifie des causes spécifiques,
un tel discours est à priori insatisfaisant ».
Plus largement, cette question renvoie au thème
récurrent dans le milieu scientifique, « à savoir la dichotomie entre des
stratégies d’explication qualifiées de différentes manières, ascendantes par
opposition à descendante, réductionniste par opposition à holiste, ou
analytique par opposition à synthétique » (p.309).
Ainsi se construit une approche relative et
relativiste de la biologie du développement, et de l’explication en elle-même.
Et on en vient à prendre acte que, décidément, Fox
Keller ne cherche pas à parvenir à une définition délimitée, univoque, de
l’explication. Elle préfère l’envisager moins comme à définir, que sous sa
teneur de « valeur », de potentiel, de « vertu » à apporter
des éclairages éclairer des faits ou des résultats dans le champ de la
connaissance, ainsi que les théories de la connaissance, sous-jacentes ou
patentes qui s’attachent à ces faits et à ces résultats. C’est implicite dans
sa question initiale : « Qu’est-ce qui a valeur de connaissance?
d’explication? et de théorie? ». Son travail est traversé par cette
quête dans un souci « opératoire », d’un en puissance d’expliquer.
En d’autres passages, elle approche l’explication
par une méthode de « voisinage » ou de « parenté », en
confrontant l’explication à des notions issues de la discipline biologie
elle-même, ou de l’épistémologie. Pour cela elle s’attarde d’une part, sur la
non-définition de « la vie », et d’autre part, sur la proximité
avec les notions de « compréhension » et de « preuve ».
Pour ce qui est de la « compréhension » : «…qu’est-ce que cela
signifierait que de comprendre le développement ? comprendre est un verbe
notoirement instable…dans certains contextes, comprendre signifie donner une
explication réductionniste qui ne fasse appel qu’à des entités d’ordre
inférieur. Dans d’autres cas, cela signifie donner un programme (ou un
algorithme) permettant de calculer l’embryon, et parfois cela signifie les deux
choses en même temps (p.322) ». Pour ce qui est de la « preuve »
(evidence, en anglais), elle en évoque l’importance dans la formation
des étudiants à la méthode scientifique : « la relation entre la
preuve et l’explication est généralement interprétée comme une confirmation ou
une infirmation, c’est à dire que la preuve est pour ou contre une théorie ou
une explication proposée (p.225) ».
La notion de « modèle »
Une notion importante se dégage, celle de modèle,
et plus particulièrement pour penser la biologie. Mais l’auteur démarque la
conception de modèle pour la biologie de celle des mathématiques et de la
physique : « la principale signification que les biologistes du développement
actuels ont l’habitude d’attribuer au terme « modèle » n’est ni celle
d’un modèle mécanique, ni d’un modèle chimique, ni d’un ensemble d’équations,
mais celles d’un organisme » (p.64).
De même elle avance un autre argument :
« les organismes modèles correspondent à une acception… totalement
différente de celles des modèles en sciences physiques : ils représentent
non pas une classe de phénomènes, mais une classe d’organismes ». Cela
s’explique par le fait empirique que « les organismes modèles sont des
modèles exemplaires ou naturels non pas construits artificiellement,
mais sélectionnés dans l’atelier de la nature elle-même » (p.65)…Insistant
sur la dimension empirique, elle précise que « comme tels, ils sont
beaucoup plus proches des représentants politiques, et d’ailleurs, ils sont
utilisés de la même manière comme un moyen de déduire les propriétés, ou le
comportement d’autres organismes, c’est précisément pour cette raison que la
modélisation biologique a parfois été écrite comme procédant par homologie
plutôt que par analogie ».
A cet égard, Fox Keller montre que l’on parle tantôt
de « model of » et tantôt de « model for ». Les modèles
« de », familiers aux sciences physiques, « ont l’ambition de
représenter des propriétés authentiquement générales des phénomènes dont ils
sont les modèles ».
Ils fonctionnent dans l’analogie. Les modèles « pour » sont familiers
dans les sciences biologiques « c’est leur caractère instrumental plutôt
que leur stricte généralité qui fait leur intérêt » (ibid.). Ils
fonctionnent dans l’homologie. Les organismes modèles sont « plutôt des
médiateurs efficaces qui suggèrent d’explorer des hypothèses éventuellement
intéressantes au sujet des autres organismes, ou de réaliser des interventions
pratiques sur eux » (ibid.).
Elle ne s’attarde pas sur une taxinomie
(p.16), pour laisser ouverte la possibilité permanente d’une diversité qui
seule peut rendre compte du corpus-même auquel elle s’attache. Car la question
« comment sont formées les entités vivantes ? » en charrie deux,
distinctes : celle de l’émergence de la vie sur terre et celle du
développement d’un « organisme individuel » à partir d’une
reproduction sexuée. La diversité de la vie s’étant imposée davantage
que son unité aux yeux des spécialistes, il convient pour Fox Keller que
l’épistémologie correspondante soit à son tour conçue selon ce mode. Pour elle,
il est aussi important de se reporter à la diversité des
« pratiques » scientifiques, qu’à celle des significations des
critères explicatifs. Ce qui vient corroborer à quel point dans la discipline,
les critères choisis par et pour une épistémologie, peuvent (ou doivent)
« être souples », souplesse faisant pendant à la diversité inhérente
au corpus.
Métaphores et calculs
Evelyn Fox Keller insiste
sur l’importance qu’il y a à accorder une attention aux termes utilisés, ainsi
qu’aux « dimensions linguistique et narrative de
l’explication … la majeure partie du travail théorique…repose sur une
exploitation fructueuse des tensions cognitives engendrées par l’ambiguïté et
la polysémie, ainsi que par l’introduction de nouvelles métaphores »
(p.17). Quand on a changé de métaphore, on « voit » les choses
autrement. Elle souligne par là l’importance de la « vision » :
lorsqu’on dit « je vois », on signale métaphoriquement « je
comprends », dans une « interdépendance » entre l’esprit et le
regard
qui, lui, est « incrusté dans notre appareil cognitif ».
Ainsi, en passant par la notion de
« l’imitation » au lieu de celle
de « synthèse », on peut considérer sous un autre regard les
travaux de Leduc. Fox Keller, les
citant à nouveau (chap. 9), les rapproche cette fois de la simulation
informatique : depuis sont apparus les programmes d’instruction des pilotes par
simulateur de vol, conférant à la simulation un sens productif, positif. La
dévalorisation de Leduc, par les « idées de tromperie, de fausseté et de
feinte », s’en inverse du même coup (pp.289-290).
David Hull accepte l’hypothèse
« fondamentale » émise par Fox Keller des limites de l’humaine
compréhension. Il accepte
l’idée que les chercheurs dans l’avenir, aient à opter pour du « good
enough ». Cette expression fait une allusion directe au conseil de Bruno
Bettelheim au parents, dans les années 1970-80 : « Don’t try to be
perfect, be good enough ». Le célèbre psychanalyste recommandait de
prendre de la distance.
« L’œuf sera-t-il calculable ? », se
demandait Lewis Wolpert.
Certes, on en sourit… Et l’on pourrait faire répondre Fox Keller : « Je ne
vois rien de contraire, écrit-elle, à l’intuition dans la possibilité qu’il
existe dans le monde naturel des phénomènes qui sont hors de portée de la
compréhension humaine, ne serait-ce qu’en raison de leur complexité même, le
développement embryonnaire pourrait très bien être l’un d’eux » (p.322).
Le travail de Fox Keller donne les moyens de poser
des limites à ce qui serait au nom de l’exigence épistémique, une conception
« englobante » ou totalisante, d’une vérité une, qui voudrait
« embrasser l’univers ». En cela elle fait partie de ceux qui se sont
éloignés de la classique croyance des chercheurs dans l’unité, voire l’unicité
de la science.
Il y aura, dit-elle, à renoncer à ce
« sentiment de maîtrise cognitive » (p.325). Pourtant, si on reste
sans réponse « en des termes absolus » (p.328), quant à sa double
interrogation princeps : « Expliquer la vie. Qu’est-ce qui a
valeur de connaissance? d’explication?.. celle-ci s’en trouve néanmoins
considérablement élaborée. Et ajoute-t-elle : « Cette incertitude
laisse le problème ouvert à la négociation » (p.328). Cela nous
convient !
Paule Pérez
Evelyn Fox Keller est née à New York en 1936.
Diplôme en Physique de Brandeis (B.A., 1957), puis à
Harvard (Ph. D., 1963). Travaille longtemps dans l’interface entre physique et
biologie.
Professeur à l’Université de Californie (Berkeley), dpt
Rhétorique, Histoire et Etudes féministes (1988-1992), puis en Histoire et
Philosophie des sciences au M.I.T, programmes Sciences, Technologie et Société.
Elle a aussi enseigné à l’Université du Nord-Est (S.U.N.N.Y) et à l’Université
de New York.
Ses travaux portent sur l’histoire et la philosophie de la
biologie moderne, et les rapports entre le genre et la science. “Reflexions on Gender and Science”,
1985, “Critical Silences in Scientific Discourses : Problems of Form and
Re-form”, 1992, “The Century of the Gene”, 2000. Refiguring life : metaphors of
twentieth century biology, 1995.
|